mardi 20 août 2013

Les coups de coeur des Imaginales Anthologie

Depuis 2004, chaque année un auteur est qualifié de coup de coeur des Imaginales, une sorte de label qui annonce un talent. Ainsi déjà 10 coups de coeurs ont pu être mis en valeur lors de ce festival et ce sont ces mêmes auteurs qui ont été sollicités pour écrire chacun une nouvelle afin de figurer dans cette anthologie.
Chaque nouvelle est précédée d'une petite présentation de l'auteur.

Ma lecture de cette anthologie commence à dater puisque lue suite aux Imaginales, ce qui remonte tout de même à presque deux mois, autant dire une éternité. Néanmoins en la re- parcourant afin d'avoir tout de même quelque chose à écrire dessus, je me suis rendue compte que j'en avais gardé pas mal de souvenirs, ce qui est plutôt bon signe.

- Une simple promesse de Thierry DI ROLLO : C'est une nouvelle relativement triste, portant sur la mort et la perte de l'être cher que l'on veut retrouver à tout prix. C'est très joliment écrit bien que les personnages soient froids et l'atmosphère un tantinet glaciale.

- Le secret de Parsigou de Jérôme CAMUT : Un village qui vit renfermé sur lui-même, des habitants farouchement opposés aux progrès et aux visites, une longévité anormale ... Voilà qui pose les jalons de l'histoire de ce petit village. C'est un nouvelle pleine d'humour et de fantastique, très sympa. J'ai particulièrement apprécié les remarques de Camut à la fin de son récit, sur le fait de se demander pourquoi lorsqu'une créature arrive sur Terre, il faut toujours qu'elle se pose aux USA. Lui au moins a fait le choix de prendre à contrepied ce fait et de situer son histoire dans un village paumé de la France profonde. Bien vu et très agréable !

- Le chirurgien de Erik WIETZEL : Cette nouvelle m'a donné froid dans le dos : un chirurgien découvre que les opérations qu'il a menées sur des patients, lui arrivent en réalité ... alors quand il s'agit d'une amygdalectomie ou d'une appendicectomie, rien de trop inquiétant ... mais que se passera-t-il lors d'un accident plus grave ? Terrible !

- La stratégie du chasseur de Rachel TANNER : Une nouvelle entre le fantastique et la réalité d'un conflit bien tangible : celui se passant au Kosovo, sous une sobre histoire de trafic d'organes et de tortures de prisonniers de guerre. J'ai un peu un peu de mal à entrer dans cette histoire, trop près de la réalité justement pour que j'accroche. Par contre j'ai beaucoup aimé que l'héroïne soit une femme, une guerrière maniant les armes aussi bien que la dérision et ne se laissant pas conter.

- Trois renards de Mélanie FAZI : De loin ma préférée de toute, pour plusieurs raisons : la poésie de l'écrit, la musique qui jalonne les pages, cette nouvelle est tout simplement belle, un véritable régal. Il y a quelque chose qui tient à la fois du surnaturel et du rêve, c'est un peu difficile à expliquer mais c'est un univers qui m'a charmée. Et puis dès qu'il s'agit de musique, du pouvoir des notes, de la mélodie, je suis immédiatement conquise.
"Pourquoi la foule des humains me révulse-t-elle quand celle des animaux m'appelle ? Ils sont si beaux. Tendus vers ce but qui m'échappe, une lumière, une chanson, une destination quelconque, de l'autre côté du voile qui nous sépare. Un instant, j'ai cru que leurs pas se réglaient sur la cadence de mon violon. Mais non, c'est impossible. Tout le monde sait qu'ils ne nous entendent pas."

- Profanation de Jean-Philippe JAWORSKI : On retrouve là l'univers du Vieux Royaume, propre à Jaworsky et son parler incroyable, dans une trame où un condamné, un rien gouailleur, un rien sincère, doit se défendre .... sur une fin assez horrible je dois avouer. J'ai bien aimé.

- Séréna de SIRE CEDRIC : C'est une nouvelle très courte et emplie d'horreur. Dans un sens mieux valait pour moi qu'elle soit courte. Néanmoins, elle est rondement menée.

- La nuit sur le plateau du K'fèn de Charlotte BOUSQUET : La fuite éperdue d'une jeune fille mariée de force à un mari cruel. Je suis rentrée facilement dans le récit et puis ensuite mon intérêt a un tantinet lâché.

- Derrière les barreaux de Lionel DAVOUST : Je reste un peu dubitative à la suite de cette nouvelle qui en même temps m'a plu, déjà par l'écrit qui est toujours aussi agréable à lire. C'est le thème principal qui m'a un tantinet chiffonnée : le sujet traite de l'autisme. L'histoire d'un petit garçon qui retrouve le monde du réel suite à une expérience inédite avec des dauphins mais qui n'aura ensuite de cesse, adulte, de la retrouver. L'histoire en elle-même est très belle, bien racontée. Après l'autisme est un sujet qui me touche particulièrement, de part mes études à la base et aussi parce que je suis amenée dans mon boulot à en fréquenter. Or pas un autiste ne ressemble à un autre, d'ailleurs ceux qui fréquentent l'école "normale" sont généralement des autistes dit Asperger, en difficulté de communication, sensibles aux changements, au bruit (ce que Lionel Davoust décrit fort bien d'ailleurs), mais capables de capacités intellectuelles particulières. J'ai eu l'occasion aussi de voir des enfants autistes en contact avec des chevaux, lors d'un stage en équithérapie et il était incroyable de voir ces gamins complètement renfermés sur eux-même, incapables de communiquer, commencer à s'ouvrir, à sourire et à nous regarder sur le dos de cet animal. Pour autant, peut-on complètement guérir de cette maladie comme dans l'histoire de Davoust ? C'est ce qui m'a gênée en réalité. Pour le reste, le sujet est traité avec la délicatesse et la sensibilité habituelles de l'auteur, ce qui m'a permis de prendre beaucoup de plaisir à lire cette nouvelle.
Et le monde de la mer, des dauphins est admirablement décrit; comme toujours, au point d'avoir envie de plonger dans ces eaux pour les rejoindre.

- Elixir de Samantha BAILLY : L'histoire d'une empathe qui est chargée de ressentir les émotions des autres, en déduire s'ils mentent ou pas, dans un univers bulle où l'extérieur est vécu comme un inconnu terrifiant. L'empathie est un sentiment difficile à vivre, je n'ose l'imaginer poussé à l'extrême comme pour Elixir, au point que le seul fait de toucher une main la fait basculer dans la colère, la haine ou le bonheur d'autrui. C'est à mon sens une sorte de malédiction. 

Globalement le recueil de ces nouvelles a été plutôt réussi, j'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir pas mal d'auteurs dont je ne connais que le nom (Di Rollo, Camut, Bailly ...), d'en retrouver d'autres que j'apprécie particulièrement au vu de leurs écrits précédents (Davoust, Jaworsky). Sans oublier que le livre en lui-même est très agréable au toucher, léger et pourvu d'une première de couverture affichant la place des Vosges d'Epinal envahie par des créatures étranges, très réussie.
Des anthologies comme celles-ci j'en redemande !

Ailleurs

4 commentaires:

  1. je vois qu'on est d'accord pour le coup de coeur :) Belle anthologie en tout cas !

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  2. Et n'oublie pas l'essentiel, c'est un livre qui sent bon *sort très loin*

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    1. C'était celui là ? j'avais un doute, lol mais j'y avais repensé en rédigeant mon billet, c'est un fameux souvenir ça :)

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