vendredi 6 mai 2011

Soeur des cygnes de Juliet Marillier

Dans le domaine de Septenaigue (qui tient son nom des sept rivières qui coulent des collines pour se jeter dans le lac) vivent une fratrie de sept enfants : six garçons et une fille.

Leur mère est morte, à la naissance de la cadette et leur père, maître du domaine, passe son temps à faire régner l'ordre ou chasser les Britons, peuple ennemi.
Sorcha, la seule fille,grandit alors, entourée de ses frères et de la forêt, entitée vivante qui les protège tous les six et leur enseigne ses savoirs. Une relation particulière unit ces sept enfants qui peuvent communiquer par la pensée et se soutiennent mutuellement.
"Mais nous n'avions pas besoin de nous toucher. C'est sur ce site que nous pratiquions notre rituel, que nous ne faisions plus qu'un."

Jusqu'au moment où leur père se remarie ....
"Je la ressentis dans la tristesse qui m'envahissait à chaque pas. Elle était là et son emprise s'étendait sur nous tous. Je savais que nous étions en danger. Mais cette connaissance préalable ne me prépara en rien à ce qui allait suivre."

Ce roman est une adaptation médiévale du conte de Grimm : Les six frères cygnes, dans lequel une petite fille part à la recherche de ses frères transformés en cygnes par leur belle-mère. Pour les délivrer, elle devra coudre 6 chemises et rester muette durant six années ....
Les ingrédients du conte sont là, une fille, sept garçons, une cruelle belle-mère, une malédiction et la façon de la réparer .... la comparaison s'arrête là parce qu'ensuite on entre dans un véritable enchantement.
Un enchantement tant par le récit que par la qualité d'écriture, j'ai été réellement subjuguée par le premier tome, d'un bout à l'autre.
Le style est coulé, beau, poétique, très métaphorique et on se laisse porter sans accroche.
C'est de la fantasy médiévale, mais sans dragon, sans épée magique ou autre, juste de la magie, cette magie des fées, du peuple d'une forêt vivante, symbolisée par sa Dame, des esprits qui veillent sur ceux qui respectent la nature, à la manière des légendes arthuriennes ou des livres de Marion Zimmer Bradley avec ses Dames du Lac. Rien d'étonnant à cela puisque cela se passe en Irlande et que les contes, légendes irlandaises et bretonnes sont proches.
" Nous acceptions tous l'idée que cette terre était une porte sur l'autre monde, le royaume des esprits, des rêves et du peuple des fées. Nous n'en doutions pas. Nous avions grandi dans un monde si chargé de magie qu'elle faisait presque partie de la vie quotidienne."

Soeur des cygnes est rédigée à la première personne, j'ai toujours été particulièrement sensible à ce type de récit qui, s'il est bien écrit, permet d'être à la fois plus proche encore des personnages et plus dans l'histoire, de ressentir plus vivement les émotions du narrateur.
Pari réussi avec ce roman, c'est tout à fait le genre dans lequel on fait tellement partie intégrante du personnage qui raconte que lorsqu'on pressent comme lui qu'un drame va se produire, on éprouve le besoin de tout arrêter, de reculer dans les pages pour retarder ce moment et pourtant on y arrive inexorablement, sachant qu'on ne reviendra plus en arrière. Les faits sont arrivés, le mal est fait et plus rien ne changera le cours du récit à venir.
"Mais je tremblais, je frissonnais, et mon esprit était rempli de peur, de haine et de honte ... Ils arrivèrent au crépuscule. J'entendis leurs voix et je ne bougeai pas. Ils savaient ce qui s'était passé."

Soeur des Cygnes est un récit fort et poignant, d'une grande beauté, mon premier coup de coeur de l'année. Je vais de ce pas me plonger dans le tome 2.

Extraits
"J'étais recroquevillée sur moi-même dans le grand arbre, fermant les yeux de toutes mes forces, les mains pressées sur mes oreilles. Ces images s'imposaient à mon esprit car à présent, même si je l'avais voulu, j'aurais été incapable d'en bannir Findar. Son angoisse avait annihilé tout contrôle de lui-même sur ses pensées, et nous ne faisions qu'un tandis que notre terrible histoire de déroulait."

"Linn fut la première à distinguer la sombre silhouette, celle d'une grande femme assise paisiblement sur le banc à l'abri des sorbiers, ses cheveux noirs flottant dans son dos. Sa longue cape était du bleu des montagnes lointaines à la tombée de la nuit."

Ce roman a remporté le Prix des Imaginales en 2010.

Ailleurs
actusf ; l'étrange bibliothèque de calenwen ; De l'autre côté du miroir ; Livrement ; Over-Booked ; mes lectures de l'imaginaire

5 commentaires:

  1. Ah ! Je suis super contente que tu aies aimé ta lecture :D

    Pour moi aussi ça a été un coup de coeur, et le 2ème livre (qui est composé des tomes 1 & 2 de Fils de l'ombre) est encore meilleur !

    RépondreSupprimer
  2. Moi aussi j'avais bien aimé, je m'étonne que tu n'aies pas tout lu d'une traite d'ailleurs... Je me garde Fils de l'Ombre en réserve personnellement ^^

    RépondreSupprimer
  3. @Olya, chouette ^^ j'ai déjà commencé.

    @Calenwen j'ai hésité vrai dire mais j'ai eu besoin de traduite immédiatement mon ressenti sans attendre d'avoir lu le deuxième, mon billet du tome 2 sera plus court du coup, xD
    Je pense que je m'offrirai la suite aux Imaginales, si ma CB me donne l'autorisation au vu de la liste énorme de livres que j'ai envie d'y acheter, lol

    RépondreSupprimer
  4. C'est aussi une adaptation des "cygnes sauvages" d'Andersen ;) j'ai beaucoup aimé ma lecture moi aussi... mais faute de temps (ou de livres plus pressants), je n'ai toujours pas lu le tome 2 que j'ai dans ma biblio :/ Poétique, l'accent est mis sur les émotions, c'est tout de même un régal. Et dire que Marillier n'arrive en France que par le biais de L'Atalante depuis quelques années, alors qu'elle a plusieurs (beaucoup) de livres à son effectif, c'est tout de même dommage.

    RépondreSupprimer